Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 243

les ministériels, de tous les modérés, de tous les faux patriotes qui se trouvent à Paris, malheureusement dans le corps législatif lui-même; c'est là où sont venus se confondre les restes impurs de l’Assemblée constituante, du club monarchique, de l'hôtel de Massiac, etc. Voilà la nouvelle ligue qu'ont à combattre les généreux amis de la liberté.

« L'on prétend que le Roi veutencoreapposerson veto infernal sur le décret contre les prêtres; je le désire, les yeux s'ouvriront et je pense, ainsi que toi, qu'une crise un peu violente serait salutaire à la chose publique. »

Paris leur échappant, c’est sur la province que les vrais patriotes fondent toutes leurs espérances. Les idées de décentralisation gagnent chaque jour du terrain; c’est là qu'est le salut de l'État :

« J'ai toujours pensé que l'erreur la plus funeste au maintien de la liberté et au salut de la chose publique serait de croire le sort de nos départements toujours attaché à celui de Paris. Veuille le Ciel qu'un pareil préjugé ne se répande pas dans le loyaume: Ne vois-tu pas la série de malheurs qui nous accableraient si une ville influençait avec tant de prépondérance le reste de l'État? Les hommes libres des départements doivent enfin apprendre à ne plus se modeler sur l'exemple d'une capitale et oublier à jamais cette allure féodale. Que Paris devienne la proie des flammes à l'instant où elle consentira à servir et que la liberté radieuse continue à planer sur ma patrie. »