Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 241

« qu'elle n'arrive pas ». Tu as trop écouté, ce me semble, la voix de l'humanité et l’extrème sensibilité de ton cœur. Tu ne me crois pas, sans doute, un naturel féroce et sanguinaire, mais le sang dût-il couler, je fais les vœux les plus ardents pour voir arriver cette crise régénératrice de notre liberté; ear tu n'ignores point que la voix de l'humanité, la voix de la tolérance doivent se taire devant celle de la liberté. Tu n'ignores point que malheureusement la liberté s'achète avec le sang. Non, le temps de la clémence n'est pas encore arrivé ; assurons les bases de notre Constitution, qu'une foule de traîtres cherche à renverser, et nous serons humains ensuite et nous serons tolérants ensuite; nous écouterons alors la voix de la douceur et de la clémence. Jusque-là, que le peuple soit inflexible, soupçonneux, j'oserai même dire injuste. C'est seulement ainsi que Sparte, Athènes, Rome, ont conservé le bien suprême, la liberté! » . |

Nos jeunes gens, autant que le permettaient les loisirs que leur laissaient leurs études, suivaient assez assidument les séances de l'Assemblée nationale.

Edmond prend plaisir à faire part à sa famille de ses impressions sur l’éloquence des différents orateurs :

2 janvier 1792.

« J'ai entendu dans diverses séances de l’Assemblée nationale le jeune Ducos, Isnard et Vergniaud. Ce sont les trois orateurs, qui, selon moi, peuvent se disputer