Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 319

À peine connait-il la réponse favorable de sa famille qu'Edmond, ivre de joie, écrit à un de ses amis déjà sous les drapeaux:

17 mars 1793.

« Mon ami, mon bon ami, je suis au comble de mes vœux, ét mon cœur nage dans la joie. Mon père a donc été touché de mes chaleureuses instances; nous allons nous revoir dans peu sous les mêmes drapeaux.

« Depuis avant-hier, je suis calme, content, je savoure à longs traits cette joie muette qui accompagne toujours l’accomplissement des désirs honnêtes et généreux, Je te vois partager mes sentiments avec une satisfaction inexprimable ; oui, tu es mon ami, toi, et sans doute un véritable ami, puisque tu ne penses pas comme quelques autres que je doive éviter les dangers que la voix de la gloire, de mon cœur, et surtout de ma patrie m'ordonne de braver. »

John, vu sa jeunesse, il n'avait guère plus de seize ans, fut attaché à l'ambulance de Terrier. Peu de temps après son corps d'armée partait pour Saint-JeanPied-de-Port où il devait combattre les Espagnols.

Edmond fut appelé à Bordeaux et nommé sous-lieutenant dans le bataillon des volontaires de la Gironde. Dès le mois d'avril ce bataillon était dirigé sur SaintJean-Pied-de-Port pour renforcer le corps d'armée qui s'y trouvait déjà, et les deux frères étaient de nouveau réunis.