Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)
380 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT
Voici quelques-unes des lettres qu'Edmond écrit à sa famille, du camp de Blanc-Pignon :
« 10 mai 1793.
« Entouré de douze camarades, couvert d’une tente dont le diamètre peut avoir dix pieds, assis sur un pouce de paille, mon sac faisant mon pupitre, j'entreprends de vous donner de nos nouvelles. Nous jouissons d'une forte santé; j'en juge par le peu d'effet qu'ont produit sur nous les premières fatigues militaires, celles qui auraient dû le plus nous éprouver; cependant, voici le quatrième jour que nous sommes sous la toile, nous dormons aussi bien, et même mieux, je présume, que le premier financier, notre seul soucis étant le désir de recevoir de vos lettres et de soigner nos armes; autrement toujours chantant, dansant, mangeant d'un appétit vorace, travaillant à la tranchée, ce qui est un peu pénible, gravissant les montagnes pour aller aux différentes provisions du camp; insensiblement la retraite nous appelle au repos sans nous être aperçus de la journée qui commence à quatre heures le lendemain. Les brouillards, extrèmement épais, et la neige nous empêchent de sortir pour nos plaisirs. »
La première affaire sérieuse à laquelle nos jeunes gens assistent {tourne d’une façon déplorable pour nos armes :