L'Affaire Naundorff : le rapport de M. Boissy d'Anglas, sénateur

SUR LA QUESTION LOUIS XVII 55

Tout au sortir de sa captivité, elle prie son oncle de

hésitation sur son compte. Le seul texte d'elle qui la montre quelque peu attentive à cet imposteur, c'estlalettre qu’elle écrivit à Sosthène de La Rochefoucaud le 12 décembre 1833, et que celui-ci n'a pas donnée en entier [Mémoires de M. le vicomte de La Rochefoucauld, aide de camp du feu roi Charles X (1814 à 1836), t. V, Paris, Allardin, 1837, p- 135-136] :

J'ai trop la certitude de la mort de mon frère pour pouvoir le reconnaître encore dans celuiquise présente. Les preuves qu'il m'en donne ne sont pas assez claires. Je n’ai aucun souvenir des faits qu'il me rappelle; donc, je ne puis accepter l’entrevue qu'il me propose. Je ne me laisse pas effrayer par les menaces qu'ilose prononcer. Qu'il me donne des preuves plus positives s’il les a. MP

Il faut dire que Sosthène de La Rochefoucauld semblait alorssiimpressionné par toutes les singeries de Naundortf et envoyait des relations où son rôle de dupe est jouéd’une si graveetsi incroyable façon, qu’en face de lui la princesse ne pouvait témoigner qu'une colère violente ou que l'espèce d'ironie calme et flegmatique qu’elle adopte. Je suis sûre que mon frère est mort,dit-elle. Pour le reconnaître dans celui qui se présente, il me faudrait des preuves claires. Vraiment, celles que me donne Naundorff ne le sont guère. Il me raconte des faits dont je n’ai aucun souvenir et, d’ailleurs,

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