L'Affaire Naundorff : le rapport de M. Boissy d'Anglas, sénateur

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58 CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES

«mon père, ma mère et ma tante » sans mentionnerson frère (6).

Rendue au contact du comte de Provence, elle parle

son frère. Ils lui annoncèrent enfin avec douleur la mort de cette innocente victime, qui avait expiré dans leurs bras. Aussi Madame la comtesse de Marnes n'est pas seulement convaincue de la mort de son frère, elle en est certaine. On ne devrait pas venir, sans égards pour les longs malheurs, pour les incontestables vertus de la fille de Louis XVI, ajouter de misérables persécutions auxamertumes deson exilsurla terre étrangère, en mettant au-dessus de son honneur, de sa loyauté, de sa religion si éprouvée, les assertions les plus absurdes de vingt-six fripons et de leurs nombreuses dupes.

Quel esprit sérieux mettrait en balance ces affirmations catégoriques du comte de Montbel et les propos sans preuves de M. Boissy d'Anglas : « Elle savait l'évasion et n’ignorait pas que son frère,

son roi, vivait en Prusse, caché sous le nom de

| Naundorff »?

6. Letexte exact est : «Oui, mononcle, c'est moi, dont ils ont fait périr le père, la mère et la tante, qui vous demande à genoux leur grâce et la paix. » La lettre, portée par Cléry, arriva à Vérone le 17 janvier 1796 (Voir le texte complet dans l'Histoire de l'Émigration d'Ernest Daudet, t. Il, p. 147 et suivantes, Paris, Hachette, 1905). — La pensée évidente de Madame Royale est alors de diminuer en nombre les crimes de ceux pour qui, dans un élan de générosité, elle demande grâce, et de ne