L'atomisme d'Épicure
CONCLUSION
Le système d’un philosophe de l’antiquité a rarement été sujet à tant d'erreurs, grâce aux préjugés et à l'injustice de ses ennemis, que l'a été celui d'Epicure. Car — chose curieuse — le doux sage d’une moralité absolument irréprochable (x) avait une foule d’ennemis. Le mauvais style d'Epicure, la ressemblance de son système avec le matérialisme des anciens atomistes et sa réfutation catégorique de l’immortalité de - l'âme qui est la plus haute espérance de l’homme, tout cela couiribuait à rendre sa philosophie peu attrayante. Il est vrai que notre matérialiste était un philosophe hellénique, qu'il avait travaillé à une époque où, après Platon et Aristote, l’é\an théorique de la philosophie grecque s'était éteint. Mais Epicure diffère des autres philosophes helléniques, exclusivement tournés vers les buts pratiques, en tant qu'il n'a pas formellement donné à sa Morale une empreinte éminente (quoiqu'au fond elle fut irréprochable), l'empreinte qui aurait rendu compréhensible la subordination de ses déductions théoriques à un but pratique. Puis, il n'a pas séparé, dans ses ouvrages, les propres théories des idées empruntées, ce qui, comme penseur, l'aurait mieux représenté. Maïs Epicure a agi comme
(4) Cicéron même l'avoue. « .….convincunturque scripta eius probitate ipsius ac moribus » (De fin. Il, 31,99).