L'atomisme d'Épicure
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s’il lui était absolument indifférent que sa philosophie soit comprise et estimée ou non. Il s’efforçait seulement de se faire comprendre par ses disciples. De là s'explique aussi que personne n'ait étudié sérieusement ses ouvrages, sauf un grand nombre deses partisans enthousiasmés, plus grand qu'aucun autre fondateur d'école de philosophie en Grèce n'en a possédé. Ses partisans ont maintenu l’enseignement de leur maitre jusqu'au IV° siècle après J. C.
Il reste hors de doute que l'enthousiasme des disciples d'Epicure répond mieux à la valeur de son système que les critiques brutales de ses ennemis. Les meilleures preuves en sont les jugements favorables, donnés par les représentants du stoïcisme (r). En vérité la valeur du système de notre philosophe est bien plus importante, qu'on ne l’a ayoué dans le passé. D'abord le matérialisme d'Epicure n'a pas marqué un écart essentiel de Ja tendance générale de l'esprit de son époque. Par le travail des péripatéticiens Dicéarque et Aristoxène, et par la philosophie de Straton de Lampsaque, le chemin au matérialisme était déjà grandement déblayé. Aussi le but qu'Epicure a posé à sa philosophie était, comme nous l'avons remarqué, déterminé par l'esprit même de son temps. D'ailleurs il était éminent par excellence ; ce n'était pas la connaissance pour la connaissance, mais la connaissance comme moyen c’acquérir la libération de l'âme. Tous les philosophes de cette époque ont aspiré à ce but. Aussi clairement qu'eux, Epicure a compris que la connaissance seule, qui n'est pas consacrée à l'amélioration de la vie, est vide et stérile. Car, pensait-il, nous n'avons pas besoin de raisonnements faux, ni de vaines opinions, mais d'une vie sans trouble (2). Or notre philosophe croyait d'atteindre plus facilement et plus rationnellement cette vie sans trouble, en suivant une route opposée à celle des stoiciens. La téléologie et l’optimisme des stoïciens semblaient particulièrement erronées au philosophe qui ne voyait nu.le
(1) Cf. Sen. De vila beata XII ; Mar. Aur. IX, 41. (2) DL. X, 81.