L'école de village pendant la Révolution

18 CHAPITRE I.

autre intendant, de conserver le recteur d’école maloré les habitants... Ils prétendent qu'il n’est pas en état d'enseigner leurs enfants. En le remerciant, ils ne font qu'user du droit qu’ils se sont ménagés en traitant avec lui. » !

Ainsi la nomination des maîtres était regardée comme un contrat civil dans lequel l’administration n’intervenait que pour en faire exécuter les clauses. Ce système qui respectait d’une manière à peu près complète les droits des pères de famille, n'avait d'autre inconvénient que de les laisser trop souvent seuls juges de la capacité professionnelle des hommes auxquels ils confiaient leurs enfants. Le clergé s’occupait surtout de leur doctrine religieuse; il s’inquiétait moins de leur science. Si dans certains villages le curé et quelques notables étaient aptes à en juger, dans d'autres les paysans ne pouvaient apprécier que le talent avec lequel le candidat se faisait entendre au lutrin?. « Il a une voix comme un maître d’école, » disait-on dans quelques contrées. On pouvait aussi choisir le maître qui se contentait de la rétribution scolaire la moins élevée. L’ignorance de beaucoup d’entre eux était la cause de l’état d’infériorilé où se trouvait trop souvent l’inslruction. Dans la plupart des provinces, les écoles ne

! Anatole de Charmasse, p. 91 et GO.

2 Picct-Olry, Notice historique de la ville de Gerbéviller, p. 139.