L'école de village pendant la Révolution

2 CHAPITRE I.

LS

que moi du demi-cercle et de la boussole, du graphomètre et de la planchette pour faire les observations des angles ; de la chaîne et de l’odomètre pour mesurer les distances; je suis familiarisé avec le rapporteur et l’échelle de l’arpenteur... » Le maître d'école, qui étale ainsi son savoir, veut bien s'arrêter à la géométrie. Il avait peut-être des connaissances spéciales que n'avaient pas beaucoup de ses collègues. Ceux-ci étaient souvent de braves gens, qui cherchaient moins à étendre le niveau de leurs connaissances qu'à vivre en paix avec leur curé et les autres habitants du village. Il ne leur était pas difficile de plaire au curé. Un champenois raconte comment le sien s’y prenait pour trouver un bon maître d'école. « D'abord, dit-il, il choisit un sujet qui ait une bonne voix, qui ne ressemble point à celles de ces messieurs qui gardent les demoiselles du Grand Seigneur. D'une part et après cela, il veut que cet homme soit de bonnes mœurs, doux, honnête envers un chacun, surtout affable avec les enfants ; c’està-dire comme qui dirait, qu'il ne soit pas d’une colère brutale ; cela posé, il lui donne un plan d'étude pour ses écoliers. Mon cousin veut qu'il leur montre à écrire lisiblement, à lire dans le latin et parfaitement dans le français; qu’il leur apprenne toutes leurs prières dans cette langue et leur catéchisme par cœur... Mon cousin, ajoute le champenois en parlant du curé, fait venir tous les