L'école de village pendant la Révolution

ÉTAT DE L'INSTRUCTION EN 1789. 23

dimanches son maître d'école pour lui donner un doigt de rafraîchissement. Il lui passe une petite pointe de vin dans un repas honnête; il lui pardonne une fois l’ivrognerie, mais jamais deux; il visite la classe plusieurs fois par semaine, étant persuadé du proverbe que le bon chasseur fait le bon chien, que le bon curé fait le bon maître et les bons écoliers, qui par suite sont de braves gens DE

Voilà dépeint dans un style d’une certaine saveur rustique le maître d’école de l’ancien régime dontles principales occupations consistentà chanter au lutrin, à faire réciter le catéchisme, non moins qu'à enseigner la lecture, l'écriture et le calcul. Ces maîtres d'école étaient, il est vrai, de condition très-diverse et d'instruction fort inégale; s’il en élait qui savaient à peine l'orthographe, d’autres étaient capables même d’enseigner le latin. Dans le Doubs, en 1790, quelques-uns passaient pour habiles, et celui d’un village fut même élu membre du Département*. Comme les classes ne duraient d'ordinaire que pendant les mois d'hiver, il leur était souvent nécessaire d’exercer pour vivre un autre mélier*; on comptait parmi eux des

4 Journal de Troyes et de la Champagne méridionale, 1784, p. 42, 102, 151. L'Instruction primaire dans les campagnes avant 1T89, p. 32 à 35.

2 Lettres à Grégoire, p. 205.

3 Edouard Schmidt, p. 35 à 36. — D. Mathieu, L’Ancien régime en Lorraine, 1879, p. 260.