L'influence du symbolisme maçonnique sur le symbolisme révolutionnaire

L'INFLUENCE DU SYMBOLISME MACONNIQUE 1

causes spéciales, nous pourrons admettre l'exactitude de cette filiation. |

IL est évident que nous n’allons pas examiner un à un tous les symboles et toutes les actions symboliques révolutionnaires. Un certain nombre en sera d’ailleurs suflisant pour montrer que l'influence signalée est indéniable. Cette conslatation ébranlera singulièrement la thèse du complot, car alors les conspirateurs de l'épopée révolutionnaire ressembleraient à s'y méprendre à ceux de la Fille de M*° Angot; d'autre partelle mettra fin — espérons-le, du moins — aux affirmations de Boos (1) et d’autres (2) qui prétendent que la franc-maçonnerie n’est pour rien dans les événements de 1788 à 1799.

Prenons d'abord un geste symbolique : /a voute d'acier.

C'est le 17 juillet 1789 que pour la première fois cette cérémonie maçonnique eut lieu en public. On connait la scène. Louis XVI vient d'arriver devant l'Hôtel de Ville et se dispose à en monter le grand escalier; des personnages officiels (3) tirent leurs épées et en forment une voûte sous laquelle le roi doit passer pour atteindre la porte du palais municipal. Or cette cérémonie est réservée aux grands dignilaires de la maçonnerie, ct aux macons qu'on veut honorer d'une manière particulière. Elle revenait de droit — mais en loge seulement— à Philippe d'Orléans, Grand-Maître de l'Ordre (4). Or celui-ci n’était pas mème présent à la récep-

(4) « On a lancé contre la franc-maçonnerie le grave reproche (sic) d’avoir préparé et amené la Révolution. Aucune imputation n'est plus dénuée de fondement ». Henri Boos, Manuel de la Franc-Maconnerie. Berne, 1894, p. 151.

(2) P. e. Allgemeines Handbuch der Freimaurerei. 3. Aufl. Leipzig, 1901 t. Il, p. 243.

(3) Il serait intéressant de rechercher quels étaient les hommes ayant formé la voûte d'acier; étaient-ce des. membres de la municipalité? de l'entourage du roi? de l’un et de l’autre groupe? Henri Marin, Histoire de France depuis 1789 jusqu'à nos jours. 2 éd. Paris, 1878, t. 1, p. 62, dit que c'étaient les gardes nationaux, mais il n'indique pas ses sources. C’étaient sûrement, dans leur grande majorité du moins, des francs-macons.

(4 Le duc de Chartres avait été élu Grand-Maïître le 24 juin 1771 et installé le 28 octobre 1713. Comp. Tuory, Histoire de la Fondation du Grand-Orient de France. Paris, 1812, p. 26, 40.