L'Unité yougoslave : manifeste de la jeunesse serbe, croate et slovène réunie
mEEasses
ferrées qui, rationnellement, devraient relier entre elles les provinces, sont très rares, et la plupart ne sont que des lignes stratégiques. La plus funeste conséquence de cet état de choses entre Autriche et Hongrie, fut de séparer la Dalmatie de son hinterland. Celui-ci, privé de ses ports naturels, se vit obligé d'emprunter d’autres voies, étrangères, incommodes, pour ses exportations et importations, et quant à la Dalmatie, elle se trouva ruinée,
Le résultat d'une telle politique est d’avoir conduit le peuple à la misère générale, et d’avoir fait d'un mal économique un mal social. Bien que le pays yougoslave ait en lui tous les moyens de contenir sa population, on est arrivé à rendre le pourcentage d'émigration plus élevé que nulle part en Europe. D’après la statistique officielle de 1910, 500.000 hommes de Croatie, Slavonie et Dalmatie seulement sont en Amérique — c'est-à-dire 20 % de la population de ces provinces. On compte, en tout, un million et demi de Yougoslaves en Amérique. De ce fait la force productive déserte le pays, et la résistance de la nation s'affaiblit toujours davantage. Ces conséquences de la violation de l'unité économique, si lourdes à l'intérieur de l'empire dualiste, deviendraient pires encore si les provinces yougoslaves se trouvaient distribuées en Etats différents ou si les puissances voisines s’emparaient des territoires yougoslaves limitrophes. Ce sont les régions extrêmes qui possèdent la plus grande valeur dans l’ordre économique et dans l'ordre de la civilisation. C'est précisément des régions périphériques, que la renaissance nationale est partie : de la Dalmatie du nord chez les Croates, de la Styrie chez les Slovènes, de la Hongrie du sud chez les Serbes. Ce n’est que plus récemment que les foyers ce la vie nationale se sont rallumés à Zagreb, à Lioubliana et à Belgrade.
Ces contrées de la périphérie ne sauraient vivre