La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon

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le fameux nez de Burke et les deux lunettes à côté desquelles brillent la croix et la couronne. En guise d'étendard se déploient les Réflexions sur la révolution, qui font de Burke le contre-tribun de l'Europe monarchique. Ainsi le fameux libéral-conservateur devenu conservateur-réactionnaire vient-il anéantir les rêves des perturbateurs. En revanche Fox, l’admirateur des Français en révolte, est déchiré à belles dents. Exagérant la négligence réelle, quelque peu affectée, de son costume, on nous le fait voir débraillé, presque sans-culotte, jacobin coiffé du bonnet rouge, sergent-recruteur de la révolution. Une barbe sale couvre à moitié sa grosse figure noire et passionnée, si différente de la mince figure rose et volontaire du jeune ministre William Pitt. On déguise aussi Charles Fox en serpent du paradis terrestre, enroulé autour de l'arbre de la liberté; il tente le peuple anglais par l'appât de cette pomme : la réforme électorale. Nous surprenons ici le mouvement de recul imprimé aux institutions britanniques par la peur de la contagion française. La réforme électorale! mais c'était naguère le désir de tous les esprits sérieux, du grand ministre en tête; et maintenant cette réforme urgente est écartée comme une dangereuse utopie. Que dirons-nous des « espérances du parti (whig), » un désir de 91 que l'on croirait de 93? Le roi George III a la tête sur le billot, pendant que dans le lointain s’agitent deux pendus: la reine et le ministre. Le bourreau masqué qui tient la hache levée, c'est Fox!

Heureusement que cet homme ne gouverne pas l'Angleterre. Naguère il l'espérait; la mort ou la maladie mentale du roi son ennemi allait lui livrer le ministère, sous la régence de son ami le prince de Galles. Mais, le