La caricature anglaise au temps de la Révolution française et de Napoléon

LA CARICATURE ANGLAISE SOI

nées. Nous avons ainsi la sensation d’une orgie pécuniaire pour solder la guerre continentale ; et cette sensation n'est que trop conforme à la réalité des faits. Partout des taxes qui montent, montent, des taxes sur tout, même sur les enfants qui crient. Dernier effort d’audace: le ministre, déguisé en collecteur d'impôts, poursuit John Bull dans la pièce la plus retirée de sa maison, et, le crayon en main, note ce qui se passe pour en faire l'objet d’une suprème exaction.

L'oppression pécuniaire n’était pas la seule que causât cette lutte sans merci. Une série de lois supprimaient ou suspendaient la liberté individuelle, la liberté de réunion, la liberté de la presse. Aussi voyons-nous un comité de censeurs cherchant des brochures à poursuivre, et un «club de penseurs » réunis autour d’une table; ils pensent peut-être, mais ne peuvent rien dire, car ils sont tous bâillonnés. Attaque plus vive que les autres: William Pitt se voit menacé par les mesures mêmes qu'il a prises, car l'abeas corpus qu'il a suspendu est maintenant suspendu au-dessus de sa tête sous la forme d'une hache, à côté d'une corde qui s'appelle Opinion publique. On pourrait croire en 1795 que le crayon conservateur se convertit au jacobinisme. Bientôt tout va changer.

Pendant l’année 1796 et les suivantes, Gillray devient décidément belliqueux. L'Angleterre n’a d'autre alliée que l'Autriche, elle finit même par demeurer seule en face du Directoire victorieux. On ne parle que d’invasion en Irlande, d'invasion en Angleterre. Ce que serait un pareil cataclysme, une vaste caricature va nous l’apprendre. Au milieu de toutes les horreurs de la guerre, têtes coupées, roi jeté par la fenêtre, etc., s'élève un arbre de la liberté. Le maigre Pitt y est attaché,