La correspondance de Marat

162 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

gaieté : elle vint réellement. Après un quart d'heure de conversation, je demande à l'oreille de mon hôte s'il était sûr de telle personne. — Comme de moi-même. — Fort bien; et je continuai la conversation. Je soupai et allai me coucher. Au milieu de la nuit, une escouade de cavalerie fait halte sous mes fenêtres. Je saute en place, j'entr ouvre mes volets. Je remarque qu'aucun d'eux n’a mis pied à terre; je regagne tranquillement mon lit, jusqu’au lendemain, où il fallut décaniller.

Cher Desmoulins! toi qui sais si bien égayer ton lecteur, viens apprendre à rire avec moi. Mais continue à combattre avec énergie les ennemis de la révolution, et reçois l'augure de la victoire.

Marar, l'ami du peuple.

LX

LETTRE A CAMILLE DESMOULINS É

(Août 1790)

Marat à Desmoulins.

Malgré tout votre esprit, mon cher Camille, vous êtes encore bien neuf en politique. Peut-être cette aimable gaieté qui fait le fond de votre caractère, et qui perce sous votre plume dans les sujets les plus graves, s’oppose-t-elle au sérieux de la réflexion, et à la solidité des discussions qui en est le résultat. Je le dis à regret, en consacrant votre plume à la patrie, combien vous la serviriez mieux, si votre marche était ferme et soutenue; mais vous vacillez dans

1. L'Ami du Peuple, n° 193 (lundi 16 août 1790).