La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 167

LXI

LETTRE A CAMILLE DESMOULINS !

(Août 1790) .Marat à Desmoulins.

Que j'aime ce beau feu, mon cher Camille, avec-lequel vous vous élevez contre moi, au sujet de la dénonciation du comité municipal des recherches, publiée dans la feuille C'en est fait de nous”. Il ne pouvait jaillir que d’un sein vraiment patriotique : et s’il ne suppose pas une tête bien forte, il annonce du moins un cœur bien pur. Croyez-en l’'Ami du Peuple, il est moins douloureusement affecté de la sortie que vous lui faites, qu'il ne l’est agréablement du plaisir de voir que l’image de la vertu trouve encore en vous un vrai adorateur. Mais il ne peut supporter que vous l’ayez cru capable d’attaquer l'innocence dans la personne des membres du comité des recherches, et d’outrager le civisme dans la personne de M. Garran de Coulon. J'ai done à éclairer votre zèle, et celui du public, qui pourrait s’imaginer qu'en dénonçant ces Messieurs j'avais formé le

1. L'Ami du Peuple, n° 196 (19 août 1790).

2. « Ce MararT, vrai ou faux, roulait sur trois points : 1° une « exposition de la conjuration Maillebois ; 2° une dénonciation « du comité municipal des recherches, et notamment de M. Garran « de Coulon, laquelle m'avait tellement indigné que je courus sur« le-champ chez Marat m'exclamer qu'il gâtait la bonne cause, « qu'il nous perdait avec son intempérance de patriotisme, que puis« qu'il venait de dénoncer le plus homme de bien que j'eusse ren« contré de ma vie, notre Caton, M. Garran, je ne l'appellerais plus « le divin Mara. » Voyez le numéro 37 des Révolutions de France et de Brabant. — (Note de Marat)