La correspondance de Marat
190 ù LA CORRESPONDANCE DE MARAT
maire, docile faiseur des sieurs Bailly et Motier‘. Ils iront plus loin, ils soutiendront que Duport-du-Tertre, en acceptant l’écharpe et les sceaux, a violé les règlements de la commune et le décret de responsabilité: parce qu'il ne pouvait être nommé à aucune place qu’il n’eût préalablement rendu ses comptes : devoir que l'assemblée aurait dû depuis longtemps consacrer par un décret formel. Quoi qu’il en soit, je vous somme, monsieur, de mettre promptement sous les yeux de la nation le tableau fidèle de vos comptes, de le répandre à bas prix par la voie de l’impression, et de provoquer vous-même la censure publique ; refuser de le faire serait non seulement vous avouer coupable, mais reconnaître que vous êtes au-dessous de votre nouvelle place; mais publier tout haut que dans le poste élevé où vous ont porté le maire et le général, vous êtes encore et vous serez toujours leur bas-valet.
Quelque sévère que puisse paraître l'Ami du peuple dans sa conduite envers vous, comme envers tout autre fonctionnaire publie, il n’en changera point: non qu'il se plaise à flétrir le nom de ses concitoyens par de tristes présages, et l’humiliant tableau de la dégradation de la génération actuelle; mais parce qu'il est intimement convaineu que les vices desagents du peuple sont moins à redouter que son aveugle confiance.
1. Le 5 octobre, tandis que le général était en chemin pour Versailles, un de ses laquais lui a volé dans un secrétaire de son appartement, à la maison-de-ville, cent mille livres en billets de caisse qu'il avait recus la veille: ce vol n’est pas aux dépens du général, il faut donc qu'il soit couvert, comme bien d'autres : or, le complaisant du Tertre aura fait tout ce qu'il fallait pour cela. (Note de Marat)
2. Bien que la lettre de Marat semble se terminer ici, le texte imprimé dans L'Amr du Peuple se continue en ces termes : « Puisqu'il n’est rien d’aussi difficile aujourd'hui que de trouver des hommes vertueux pour les placer au timon des affaires, prenons les moins corrompus , mais faisons-leur bien sentir que nous saurons apprécier leur conduite, et que nous avons toujours les yeux