La correspondance de Marat
LA CORRESPONDANCE DE MARAT 191
LXIX
LETTRE A M. MARTIN (Décembre 1790)
Le numéro 300 de L'Ami du Peuple avait signalé le cas du patriote Saint-Huruge, dont personne n'entendait plus parler et que l’on croyait emprisonné. Un des correspondants de Marat, qui signe « Martin, le collègue de Duval Stain », lui écrit une lettre, datée du 9 décembre 1790, où il lui raconte avoir fait mille recherches inutiles pour retrouver Saint-Huruge ; mais, au cours de ces recherches, il a découvert le brave Noël. qui s'était précédemment signalé par son patriotisme, et qui, après avoir été enfermé six semaines au Chàtelet, travaille maintenant dans les bureaux de l'Hôtel-deVille. Marat insère celte lettre dans le numéro 310 de L'Ami du Peuple (mardi 14 décembre 1790), et transcrit également sa réponse.
Votre zèle patriotique, Monsieur, ne surprendra point mes lecteurs, lorsqu'ils se rappelleront que vous avez été quatre mois dans les fers pour avoir appris aux Parisiens
ouverts sur eux. Le vrai moyen de n'être pas volé n'est pas d'éviter d'aller dans la foule, mais d’avoir toujours les mains sur ses poches. Ains', tant que l’Ami du Peuple pourra élever la voix, il s’appliquera à détruire la funeste illusion, l'aveugle sécurité. Citoyens, soyez sans cesse sur vos gardes ; et, dussent tous vos maudataires être gens de bien, conduisez-vous toujours avec eux comme s’ils étaient ‘tes fripons: unique moyen de n'être ni leurs dupes ni leurs victimes. » Ce passage, qui contraste si profondément avec le reste de la lettre, est évidemment une note ou un commentaire distinct de la lettre et qui n’y a été ajouté que par une de ces transpositions malheureuses dont Marat se plaint parfois avec tant de force et qui en effet rendent souvent inintelligibles certains articles de L’Ami du Peuple.