La correspondance de Marat

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de Versailles, 15 février 1791. 11 communique à Marat les renseignements que son frère lui a adressés de Dieppe, lui raconte des traits de civisme de la garde citoyenne de cette ville, où le peuple s’est emparé du château et dela citadelle, et s’est fait livrer 5.000 fusils. Enfin il dit à Marat que L'Ami du Peuple, qu'il fait passer à Dieppe, y est accueilli avec enthousiasme, et que la lecture s’en fait dans tous les COTpsde-garde. Marat insère cette lettre dans son numéro 378 (lundi 21 février 1794), et la fait suivre de sa réponse.

Je commence par vous observer, mon cher compatriote, qu'il est impossible que la garde citoyenne de Dieppe se soit crue inculpée par la dénonciation dont vous vous plaignez, puisqu'il y est dit : « Dans le moment, on vient de donner ordre à dix hommes par compagnie de la garde citoyenne, à cent hommes du régiment qui est ici en garnison, de se tenir prêts à marcher au premier signal. » Or, à supposer qu'ils aient été commandés pour appuyer l'expédition des ennemis de la patrie, l’inculpation ne peut tomber que sur les chefs de la municipalité ou sur le commandant de la place. Jamais je n’ai douté du patriotisme des gardes citoyens de Dieppe; la sagesse et le courage qu'ils ont montrés dans leur expédition démontrent plus que tous les discours du monde combien ils sont dignes d’admiration. Puissent-ils trouver desimitateurs dans toutes les gardes nationales du royaume! Au surplus, si c'était pour repousser l’inculpation qu'ils se seraient signalés de la sorte, je serais ravi de leur en avoir fourni un motif. Maintenant, je vous remercie de tout mon cœur de l’agréable nouvelle que vous venez de me communiquer. Les conspirateurs de la cour et du club monarchique la tiennent secrète : Dieu sait combien elle les afflige; mais elle est faite pour réjouir tous les bons Français, et je me hâte de la publier, en invitant les écrivains patriotes à la propager. "

En faisant passer mes feuilles à mes braves compatriotes