La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 195

de Dieppe, n'oubliez pas de leur dire combien j’applaudis à leur triomphe. Recommandez-leur de ne rendre ni canons, ni boulets, pas même un grain de poudre. Le roi et l’Assemblée nationale n’ont aucun droit de les empêcher de s’armer par leurs mains pour leur propre défense, lorsque les agents royaux se moquent d'eux, refusent de leur délivrer des armes. Recommandez-leur surtout de fournir tous les citoyens de la ville en état de marcher au moins d'une centaine de cartouches chacun, et, après ce partage, s’il leur reste de la poudre et des balles, d’en faire part à leurs frères des villes et villages voisins. Enfin, recommandez-leur de conserver précieusement ces munitions pour le besoin, s’ils sont jamais appelés à en faire usage contre les ennemis de la patrie. Ajoutez, je vous prie, que, sensible à la confiance qu'ils ont en moi, je vais leur passer par vos mains une‘ collection complète de L’Ami du Peuple, qui appartiendra à la garde citoyenne de Dieppe, et dont la lecture ne sera même permise aux officiers qu’autant qu’ils seront patriotes, car, pour n'être jamais la dupe des ennemis de la liberté, il faut éternellement se défier des chefs. C’est dans cet écrit que tous les amis de la vérité doivent la chercher, l’auteur ne l’ayant jamais dissimulée et l'ayant toujours si bien rencontrée qu’il a prédit la plupart des événements longtemps à l’avance.

1. Il serait à propos de la faire relier en volumes de 50 numéros, qui seraient déposés dans les divers corps-de-garde, pour que chaque volume y circulât à son tour: (Note de Maral)