La correspondance de Marat
196 LA CORRESPONDANCE DE MARAT
LXXII
LETTRE À LAFAYETTE (Avril 4791)
Cette lettre est publiée dans le numéro 439 de L'Ami du Peuple (lundi 25 avril 1791) sous ce titre : « Lettre de l’Ami du Peuple au général défaillant ».
Frapper un ennemi abattu est lâcheté, l’écraser lorsqu'il a mis bas les armes est atrocité; mais achever un traitre, qui se couche pour se faire relever et assassiner ensuite ses bienfaiteurs, est une œuvre méritoire.
Ennemi aussi généreux que cordial”, je vous abandonnerais aujourd'hui à votre humiliation, à votre nullité, à vos regrets, à vos remords, si je pouvais croire que vous avez donné votre démission de bonne foi, et si vous vous renfermiez dans vos fonctions de député. Mais le moyen de s’en rapporter à la parole d’un courtisan consommé, et de ne pas redouter quelque nouvelle perfidie?
Je l'ai dit, et je le répète : vous avez donné votre démission et celle de l'état-major, qui ne* vous regardait pas, pour vous faire complimenter par vos satellites à cheval, par ceux des barrières et des ports, pour vous faire fla-
1. Vous avez de moi une lettre où je vous invitai, il y à seize mois, à servir la patrie avec loyauté, et je vous annoncai que je serais toujours à votre égard une sentinelle vigilante : vous devez être content de-moi, je vous ai tenu parole. (Note de Marat)
2, C'est là un double coup de parti : vous avez prouvé que vous eu disposiez en maître, et vous avez voulu mettre dans l'embarras la troupe du centre et les compagnies soldées, dont il a la direction. (Nole de Marat)