La correspondance de Marat
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« si laborieuse, dans des souterrains, il part, ajoutez-vous, « sans pécule et pauvre, ce qui est la meilleure réponse à « ses ennemis. » C’est sans doute de ce que je me suis écrié à la fin de mon numéro 339 : « 0. Parisiens! vous êtes. « si aveugles, si ignares, si stupides, si présomplueux, si « lâches, si plats, que c’est folie d'entreprendre de vous « retirer de l’abime, que c’est folie d'entreprendre de vous « ouvrir les yeux : mon âme, épuisée par d'inutiles efforts, «est en proie au dégoût », que vous avez inféré mon départ. Mais si vous aviez pris la peine de transcrire les paroles qui suivent immédiatement, vous auriez vu que 12 ne partais pas, puisque je dis aux Parisiens : « Il y a longtemps que je vous aurais abandonnés à votre malheureux sort, si je n'élais retenu par l’espoir de trouver quelque vertu dans les provinces, par la crainte d’immoler la postérité. »
Vous allez plus loin, Camille; vous voulez paraître dans le secret, vous annoncez que je demande un passeport’, et vous ne sentez pas que, ma tête ayant été mise à prix par le cabinet autrichien, le général etles antres chefs des contrerévolutionnaires, cette légèreté de votre part m'aurait exposé à tomber entre leurs mains et à devenir la iriste victime de leur fureur. Vous pouvez vous figurer le sort qu’ils me réservent. Qu'attendre d’eux, que d’être jeté dans un four ardent, s'ils me prennent en secret, et d’être mis
corrompu que la France? Camille, dont les ouvrages sans vues, sans chaleur, sans vie, sont si peu soignés, malgré le loisir dont il jouit, qu'ils ne paraissent, aux yeux des connaiss urs, qu'un ramassis d’anecdotes, une indigestion de nouvelles de cafés, à voulu dire sans doute : « Marat, forcé de renoncer au projet de rendre libre « une nation trop dépravée pour défendre ses droits, se détermine « enfin à aller lui-même chercher la liberté chez une nation moins « corrompue. » (Note de Marat)
4. Il est possible qu'il soit revenu à Camille quelques-uns de ces propos que l'indiguation m'arrache assez souvent, à la vue desdémarches serviles des Parisiens et de leur manque d'énergie contre leurs oppresseurs. (Nole de Marat)