La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 207

mot de ce général contre-révolutionnaire, sans la doctrine de la résistance ouverte aux ordres arbitraires et tyranniques! Au lieu du spectacle si nouveau parmi nous d'une armée immobile à la voix de ses chefs, reproche si énergique de leur barbarie, de leur atrocité, et de léur lâcheté, vous eussiez vu des légions d'assassins féroces égorgeant sans pitié leurs frères, et le char doré du despote passant sur des moneeaux de morts et de mourants, pour satisfaire. un vain caprice. Au lieu de ces nouvelles assemblées de bataillons et de ces rétractations solennelles d'un serment téméraire, vous eussiez vu les légions des citoyens abusés; des satellites soudoyés, des brigands conjurés, renouveler parmi nous les scènes sanglantess de la Saint-Barthélemy, et le sang des victimes égorgées fumerait encore dans nos places publiques. Cessez donc, homme irréfléchi, d'insulterà la liberté de la presse, dont vous méconnaissez les avantages ; si vous respirez encore, c'est à elle que vous devez ce bienfait.

Au nom du ciel, Camille, contentez-vous de ne pouvoir servir la patrie, et ne cherchez pas à détruire le bien que je travaille à lui faire ! C’est déjà trop des machinations éternelles et des noirs attentats de ses ennemis, de l’aveuglement et de la lâcheté de ses amis, sans que j'aie à lutter contre les entraves de ses prétendus défenseurs.

MaraT, l'ami du peuple. LXXIV

LETTRE A CAMILLE DESMOULINS (Mai 1791)

Cette nouvelle Lettre de Marat à Camille Desmoulins parut. dans le numéro 455 de L'Ami du Peuple (mercredi 11 mai