La correspondance de Marat
LA CORRESPONDANCE DE MARAT 244
Que peut done avoir d'offensant pour vous cette inculpation malheureusement trop fondée? C’est une énigme dont je: vous demande la clef.
LXXV
LETTRE AU CITOYEN MILLAN
(Mai 1791)
Un certain nombre de garçons cordonniers, voulant fairecélébrer un service funèbre à la mémoire de Mirabeau, avaient recueilli entre eux une somme de 900 livres. Mais la municipalité mettait des entraves à leur projet, ou, du moins, elle leur interdisait toute manifestation trop solennelle et trop bruyante. L'un d'eux, nommé Millan, écrit à Marat au nom de tous ses camarades, qui craignent que la municipalité ne leur tende un piège, et, après les avoir obligés à s'assembler : « à la sourdine », ne fasse ensuite courir le bruit que ce sont des séditieux, et ne proclame la loi martiale. Ils préfèrent reuoncer à leur projet, et Millan demande à Marat de quelle autre manière pourrait être employée la somme recueillie. Marat publie cette lettre dans le numéro 468 de L'Ami du Peuple (mardi 24 mai 1791), et La fait suivre de sa réponse.
Vos craintes, mes bons amis, ne sont pas fondées; les municipaux n’ont droit ni aucun intérêt de vous traiter comme des séditieux parce que vous seriez assemblés pour faire célébrer un service à Mirabeau. Je puis vous répondre que votre résolution ne peut que lui plaire, et que si elle s’est opposée à ce que vous eussiez de la musique et des tambours, c’est pour se faire solliciter, et mettre à ses conditions une permission qu'elle n'est pas fondée à vous refuser. Je gage cent contre un qu'elle vous