La correspondance de Marat
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14° LA CORRESPONDANCE DE MARAT
vante : « Ducloseaux père, rue d'Anjou, ancien avocat au ci-devant Parlement, aristocrate des plus fameux, spoliateur, de concert avec le sieur Girardin, des œuvres posthumes de J.-J. Rousseau, montant à plus de 30.000 livres-dont ils ont fait tort à sa veuve. » En réponse à cette note, Girardin écrit à Marat une lettre, datée du 21 juin 1791, où il proteste avec indignation contre l'accusation dont il est l’objet : « … Est-ce bien vous, dit-il, qui traitez l'ami sincère et fidèle de J.-J. Rousseau de spoliateur de ses œuvres posthumes aux dépens de sa veuve? moi qui n'ai jamais rien fait que suivant les dernières intentions de son mari, et de concert avec elle, et qui ne suis parvenu qu'à force de soins, de peines, de voyages, de dépenses et même de chagrins, à rassembler et à mettre en ordre pour l'édition générale ses différents ouvrages épars dans l’Europe, et à composer à sa veuve un revenu fort audessus de ce qu’elle pouvait naturellement attendre. » Cette letire est signée RENÉ GiraRDiN, membre du club des Cordeliers et des Jacrbins. Elle se trouve, ainsi que la réponse de Marat, dans le numéro 510 de L'Ami du Peuple (lundi 4 juillet 1791.)
Lettre de l'Ami du Peuple à M. René Girardin.
Je suis peiné, mon cher compatriote, que René Girardin, l'ami de Rousseau, se soit appliqué l’article de mon numéro 494 contre lequel il réclame. Quand je ne le connaîtrais pas aussi avantageusement par ses écrits, où l’on trouve toujours l’homme vrai et instruit, le philanthrope ingénu et aimable, le patriote ferme et prévoyant, son intimité avec un sage dont je respecte les vertus plus encore que les talents m’aurait suffi pour être certain que cette inculpation ne pouvait le regarder. Ses liaisons avec M. Ducluseau père, que je ne connais aucunement, ont seules pu lui faire croire que c’est lui que le dénonciateur avait en vue, et l’accolement de deux hommes honnêtes à plusieurs coquins connus, dénoncés dans le tableau des membres du club du Roule qui cabalent pour accaparer les suffrages dans les nouvelles élections, a seul pu m’en