La correspondance de Marat
218 LA CORRESPONDANCE DE MARAT
siez l’astuce, la fourbe, la perfidie des pères conscrits, vous qui avez tant de fois gémi de leurs œuvres ténébreuses.
En plaçant les cendres de Rousseau avec celles de Mirabeau, ils ne cherchent qu’à en imposer au crédule vulgaire, sous prétexte: d'honorer les bienfaiteurs de la patrie; ils espèrent parvenir de la sorte à voiler les turpitudes des principaux auteurs de leurs funestes décrets; ils se flattent que le public abusé, voyant leurs plus insignes fripons dans la compagnie des hommes vertueux, les prendra euxmêmes pour des gens de bien. Irez-vous tremper dans ce honteux complot? Craignez d'entendre les mânes plaintifs de J.-J. vous reprocher d'avoir trahi sa confiance, pour aider des scélérats à tromper les peuples; craignez d’entendre les cris de l’amitié outragée retentir au fond de votre cœur: Mais non, il n’est point fait pour connaître les remords; et jamais il n'aura besoin d’autres liens que de ceux du sentiment et de la vertu.
LXXIX
LETTRE À L'ASSEMBLÉE NATIONALE! (Septembre 1791) Billet de l'Auteur aux pères conscrits.
Mes compliments à l’auguste assemblée.
Grâce: à la sublime constitution, Messieurs, que vous avez donnée-à la France; il n'y a plus d’eau à boire à être homme de bien; et comme il y a les galères à gagner en défendant les droits de la nation, et la corde à craindre en disant leurs tristes vérités à MM: Capet, l’Ami du Peuple
1, L'Ami du Peuple, n° 549 (jeudi 8 septembre 1791).