La correspondance de Marat
LA CORRESPONDANCE DE MARAT 227
Cette lettre fut lue à la tribune des Cordeliers dans la séance du 3 mars 1792 #.
Monsieur le Président,
Je réclamerais aujourd’hui l'engagement: pris par les Amis des Droits de l'Homme, de propager les principes de Ami du peuple, si je croyais avoir besoin d’un autre motif que leur civisme pour les porter à concourir avec moi à éclairer le peuple sur ses droits, à former l'esprit public, à ranimer le patriotisme, et à faire triompher la cause de la liberté.
Après avoir combattu sans relâche, pendant trois années consécutives, contre le despotisme renaissant, je me suis vu forcé de quitter enfin une carrière où je n’ai trouvé que fatigues, peines, chagrins, misère, périls, tribulations, dégoûts, et dans laquelle je n'avais plus de bien à faire: au peuple; moins découragé, toutefois, par les attentats des ennemis de la patrie que par l’aveuglement et la tiédeur de ses enfants, je n'ai point abandonné ses intérêts; j'ai seulement cru que ce: serait le servir plus utilement de développer à ses yeux le tableau frappant des machinations des cruels ennemis conjurés à sa perte, de la politique artificieuse de l’Assemblée constituante et des vices de la Constitution, qui font le malheur de la France et qui seront une source éternelle d’anarchie, de troubles et de dissensions civiles, jusqu'à ce qu'ils soient corrigés. |
Après tous les ressorts qu'a fait jouer le Gouvernement
1. Cette lettre a été publiée pour la première fois en.1856 dans Le Cabinet historique (tome II, p. 265-261), sous ce titre : « JeanPaul Marat au président de la Société populaire de Mons ». Huit ans plus tard, en 1864, on la trouve reproduite encore dans L'Amateur d'autlographes (1e avril 1864, p. 104-105). Enfin, seize ans après cette dernière date, en 1880, Chèvremont la publiait pour la troisième fois (Jean-Paul Marat, Il, p. 12-13), en l'annonçant comme un document inédit.