La correspondance de Marat

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48 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

Voici maintenant le texte donné par le Moniteur : A la Convention nationale de France.

Citoyens représentants, il est des faits qu'on ne peut remettre trop souvent sous les yeux du peuple. Or, il est notoire que le traître Dumouriez, qui a levé l'étendard de la révolte contre la nation, et tourné contre elle ses propres forces pour lui donner un nouveau maître et anéantir la liberté, a pour complices, au sein même de la Convention, les meneurs et les suppôts de la faction des hommes d'Etat, qu’il appelle la saine majorité des membres de l’Assemblée nationale. Effrayés de voir le traître Dumouriez les déclarer ses protégés et ses complices à la face de l’univers, ils n’ont plus songé qu’à détourner l’attenticn publique de dessus leur propre conspiration, malheureusement trop réelle, pour la fixer sur une conjuration imaginaire, qui aurait pour but de mettre Loüis-Philippe d'Orléans sur le trône.

Convaincu que cette fable n’a été inventée que pour donner le change au public sur les desseins criminels de Dumouriez, des meneurs de la Convention et des puissances ennemies qui tendent à mettre la couronne sur la tête du fils de Louis Capet, et de constituer régent le ci-devant Monsieur, j'ai cru devoir forcer dans leurs derniers retranchements les lâches, les hypocrites partisans du royalisme, en proposant, jeudi dernier, comme véritable pierre de touche du royalisme des membres de la Convention, de décrêter que Louis-Philippe d'Orléans serait traduit devant le tribunal révolutionnaire, et que la tête des Capet émigrés et rebelles serait mise à prix : mes vues ont été remplies. À la vivacité avec laquelle les patriotes de la Montagne se sont fous prononcés, en demandant qu’on mit à l'instant ces propositions aux voix, et à la violence avec laquelle les hommes d'État s'y sont opposés, on a vu clairement de