La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 249

quel côté sont les suppôts des Capet fugitifs, les conspirateurs, les complices de d'Orléans, les amis de la royauté. Désespérés et furieux d'avoir été réduits de la sorte à se démasquer eux-mêmes, les meneurs et les suppôts de la faction royaliste se sont flattés de faire tomber mes propositions, et d'en imposer au peuple, en me poursuivant comme un écrivain incendiaire.

Pour toute réponse, j'ai continué à dévoiler le charlatanisme des meneurs de la faction, et à les rappeler à la même preuve; ils se sont uniquement attachés à ma poursuite; et, n’osant pas prononcer contre moi un décret d'accusation sans rapport préalable, ils ont décrété que je serais mis en état d'arrestation à l'Abbaye. Eh quoi! les dilapidateurs Malus et d'Espagnac ont été simplement -détenus chez eux; Sillery lui-même, suspect de connivence avec le traître Dumouriez, est simplement gardé à vue; et moi, le défenseur incorruptible de la liberté, je serai incarcéré par mes féroces ennemis, pour les avoir dénoncés comme machinateurs, et les avoir forcés à s’avouer des traîtres, d’infâmes suppôts de la royauté! Non, il n’en sera rien. Comme ils mènent aujourd'hui le sénat; comme ils ont blessé à mon égard les principes de la justice et de la liberté; comme rien au monde n’a pu les ramener au devoir; comme ils sont déterminés à consommer la contre-révolution et à rétablir le despotisme; comme je suis leur accusateur, et qu'ils sont les vrais coupables; comme ils travaillent à perdre les patriotes énergiques, pour n'être pas perdus eux-mêmes, ils veulent, à quelque prix que ce soit, se débarrasser de moi, dont ils redoutent l'infatigable surveillance. S'ils réussissaient à consommer à mon égard leurs projets criminels, bient’t ils en viendraient à Robespierre, puis à Danton, puis tous les députés qui ont montré de l’énergie, du caractère. D'accusateur, je ne serai pas seul réduit au rôle d'aceusé. Je ne veux ni être égorgé par leurs émissaires, ni empoisonné dans une prison. :