La correspondance de Marat

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LA GORRESPONDANCE DE MARAT 255

se déclarer du parti des Capets émigrés et rebelles, en refusant de mettre leurs têtes à prix ; cette horde infâme qui me poursuit aujourd’hui pour me punir de l'avoir couverte d'opprobre aux yeux de la France indignée, m'a frappé d'un décret d'accusation. Dimanche matin, quoiqu’elle se soit engagée, sur votre demande, à présenter dès le lendemain l’acte énonciatif des chefs d'accusation qu'elle m'oppose, déjà quatre jours se sont écoulés sans que ceË acte vous ait été présenté. Se flatterait-elle donc que je balance un instant de paraître devant le tribunal révolu.. tionnaire pour ménager à mes ennemis le prétexte de me faire croire coupable? Qu'elle se détrompe : je paraitrai non comme un coupable, mais comme un homme probe, calomnié, loujours prêt à rendre compte de ses actions, et à mettre sa conduite en évidence, pour confondre ses lèches délateurs. Je somme donc ici mes atroces ennemis qui composent le comité de législation, de présenter cet acte dans le jour. Je sens trop bien combien ils sontembarrassés de le rédiger, de manière à ne pas paraître de perfdes calomniateurs, ou d'imbéciles faussaires. Qu'ils s’en tirent comme ils le pourront ; mais qu'ils accouchent, sous peine de devenir des objets de l'exécration publique, et d’encourir la vengeance du peuple souverain, car je suis déterminé à m'adresser à lui, pour obtenir enfin justice de tant de scélérats qui cherchent à m’égorger, afin de pouvoir sans obstacle livrer la France aux armées ennemies qui marchent contre nous pour rétablir la royauté, et anéantir la liberté.

Quoique sous l’anathème de la horde royaliste, je n’en suis pas moins un fidèle Représentant du peuple, un membre intact de la Convention; en vertu des pouvoirs qui m'ont été conférés par la nation, de travailler à la constitution et au salut public, je m’oppose formellement à ce qu'aucune discussion soit ouverte sur aucun objet constitutionnel, avant l’arrivée de nos commissaires patriotes qui ont été envoyés dans les départements. Ma grande raison,