La correspondance de Marat

56 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

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c'est que les hommes d’État forment actuellement la majorité de la Convention, et que ce n’est pas à ces complices de Dumouriez, à ces suppôts des Capets rebelles, à ces royalistes gangrenés, à ces traîtres, à ces conspirateurs, à ces contre-révolutionnaires, qu’il appartient de donner une Constitution à la France libre, aux amis de la patrie.

C’est par cette raison pareillement que. je regarde le décret d'accusation lancé contre moi comme un acte de tyrannie, c'est par cette raison encore que je regarde tous les décrets de la Convention, qui n’ont pas été proposés par le parti patriotique, depuis le départ de nos commissaires, comme des actes nuls et de nul effet, à moins qu’ils ne tendent évidemment au bien public.

Et qu'on ne dise pas que je cherche à prêcher la désobéissance aux lois, et à dissoudre la Convention; je réponds que je ne veux que réprimer des actes désasireux, et purger le sénat des machinateurs qui le souillent ; car des traîtres et des conspirateurs ne peuvent jamais représenter le peuple, ni statuer sur ses droits et ses intérêts.

Que la faction maudite des hommes d’État soit anéantie : la Convention, composée des seuls membres patriotes, n’en sera pas moins la Convention nationale : les choses n’en iront que mieux; ils assureront la liberté, et sauveront la patrie, en attendant que les traîtres soient remplacés.

Déjà ils commencent à être démasqués dans les départements : que les journalistes royaux des loges soient chassés, et que Clavière ne dispose plus des portes; l’opinion publique sera bientôt éclairée dans tous les points de la République, et bientôt ils seront partout en horreur.

Mes chers collègues, je demande l'insertion de ma lettre au bulletin.