La correspondance de Marat

274 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

pendant du Conseil exécutif, de la Convention elle-même, - dont il méprise les décrets ? ;

Comment souffre-t-il que, sous prétexte d'organiser sa principale armée, il les désorganise toutes; qu'il fasse désarmer à son gré tel corps de troupes, pour en armer tel autre; qu'il enlève aux citoyens leurs armes et leurs chevaux; êt, qui pis est, qu'il exerce le droit de vie et de mort sur les soldats de la liberté ?

Après lui avoir ainsi remis la toute-puissance militaire entre ses’ mains, comment dormons-nous avec sécurité, Surtout quand les sentiments, les mœurs, les liaisons et la vie de Custine sont si bien connues? Bas valet de la cour, comme Biron, il a de plus contre lui sa conduite anticivique dans l’Assemblée constituante, où il se montra toujours vil suppôt du despote, sa dureté féroce pour le peuple, sa barbarie envers le soldat, et sa tyrannie envers les patriotes. Ses propos, ses procédés, ses dispositions actuelles, et le soin qu’il a de ne placer que des hommes affidés à la tête des différentes armées sons ses ordres ; tout annonce qu'il suit les traces de Dumouriez, et qu'on doit s'attendre aux mêmes perfidies de sa part, si l’on ne se hâte de le destituer.

Je n’ai plus que deux observations à faire.

L’inaction de Custine et des généraux ennemis ne vient que de ce qu'ils attendent que le soulèvement des départements, par les meneurs de la faction, soit général, afin de pénétrer à sa faveur sans obstacle dans l'État, de menacer la nation d'une dévastation générale, et de la remettre aux fers.

Biron qui propage avec tant de complaisance le bruit répandu par Lebrun, que cent voiles anglaises vont faire une descente sur les côtes de l’Aunis, et qui en tire prétexte de se tenir à portée de les repousser, n’attend-il pas ce soulèvement général, pour conduire son armée à la boucherie, et passer lui-même du côté des révoltés ?

Gardons-nous d’attendre que les ennemis de la patrie

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