La correspondance de Marat

LA CORRESPONDANCE DE MARAT 9

écrivait souvent. Il cite de lui cette lettre’, la première que Marat lui envoya après la publication du traité De la pre 11 n'en donne pas la date exacte, mais le traité De la Vérité ayant été publié en 1782, c'est évidemment à cette année-là qu'il faut la reporter.

Une longue et cruelle maladie, mon très cher ami, m'a privé longtemps du plaisir de m’entretenir avec vous, et Je saisis les premiers moments de ma convalescence pour réparer le temps perdu. Ces fréquentes rechutes me font croire que ma santé n’est plus à l'épreuve des fatigues de l'étude, heureux si les instants de relâche qu'elle me laissera suffisent à finir mes ouvrages, et plus heureux encore si je puis voir arriver le temps où je serai libre de me livrer aux doux entretiens de l'amitié. Vous savez, mon très cher, la place que vous occupez dans mon cœur.

Ma première lecture, après le retour de ma tête, a été vos Méditations. J'y ai vu avec plaisir le charmant persi- . flage du sceptique (je ne sais si le géomètre y prendra goût), et avec plus de plaisir encore votre façon de penser sur le compte de votre ami°. Si quelque éloge doit flatter, c’est celui que fait un ami éclairé: après votre amitié, votre estime est pour moi le bien le plus flatteur, si l’une pouvait aller sans l’autre.

1. Mémoires, I, p. 352-354.

2. Le traité De la Vérité contient en effet de vifs éloges de Marat, notamment aux pages 173-174, et 333-340. « Maïs que les cris (de l'Académie des Sciences), que ses déclamations, que sa persécution ne te découragent point, Ô toi que la nature doua du génie de l’observation, et d'une ardeur infatigable pour la recherche de la vérité, toi qui, ne croyant qu'à l'expérience, et point aux noms ni à la prescription, as courageusement renversé l’idole du culte académique et substitué aux erreurs de Newton sur la lumière un système de faits bien prouvés, bien enchaïnés! (p. 173)... Je ne cite ici que l’histoire de ce physicien célèbre, M. Marat, à la philosophie et aux recherches duquel je me plais à rendre justice (p. 174)... »