La correspondance de Marat

20 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

grossir leur criminelle secte, ont osé combattre avec courage leurs pernicieuses erreurs. Et vous savez aussi avec quel art ils savent dénigrer leurs adversaires. Je me flatte, il est vrai, que M. l'ambassadeur saura bien les pénétrer, s’il ne les a pas déjà jugés. Mais rien ne me rassure autant que le profond discernement de M. le comte de FloridaBlanca. Heureux si, pour connaître les mœurs d'un homme de lettres qui a passé sa vie à voyager dans son cabinet et n’a fréquenté que des amis distingués par leur piété et leur vertu, cet illustre ministre avait ordonné qu'on allât aux informations à de pareilles sources. Que de respectables ecclésiastiques je pourrais donner pour garants! Les deux lettres incluses ont été remises à leurs adresses et très bien reçues.

Quoique je ne sois pas encore attaché à l'Espagne, j'ai cru cependant devoir lui donner une marque de mon dévouement. Voici le fait. Plusieurs membres de la Société royale de Londres, qui sont venus faire un cours de mes expériences dans le cabinet de mon élève, m'ont appris que le bureau de longitudes anglais propose un prix de 24.000 1. pour la méthode de faire de bon flingt. Ils savent que mes recherches m'ont conduit à d’heureux résultats; en conséquence, ils m'ont proposé de passer à Londres pour quelques semaines. Vous sentez bien que j'ai été sourd à leur proposition. ‘

J'espère que la première lettre que je recevrai de vous m'apprendra la conclusion de mon... *. J'attends sa réception pour me décider sur... partis qui me sont proposés. Mon cœur m'appelle en Espagne, vous le savez, car indépendamment des raisons tirées de mon inclination naturelle, il est doux de cultiver des hommes dont le riche naturel est capable des plus belles productions de l’esprit humain. |

Adieu, Monsieur, soyez assuré de tout le plaisir que

1. Mot enlevé par la rupture du cachet.