La correspondance de Marat

30 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

n° 40 et 41. Je me borne actuellement à ces deux lettres, parce que je n'ai pu retrouver dans l'énorme masse de mes papiers celles de la Société royale de Londres et de l'Académie de Stockholm. Je joindrai seulement sous le n° 12 la déclaration du comte de Champ. Puis je vous prierai d'observer en passant que si je ne suis pas de l’Académie des Sciences de Paris, c’est que je ne me suis pas soucié d’en être; que si je ne suis pas de l’Académie des Sciences de Berlin, c’est que je n'ai pas demandé d'en être; que si je ne suis pas de l’Académie des Sciences de ..…. , c'est que j'ai refusé d’en être.

- Enfin, le précis de mes expériences sur le feu vit le jour. La sensation qu’il fit en Europe fut prodigieuse : tous les papiers publics en firent mention. Pendant six mois, j'eus chez moi et la cour et la ville. Ceux qui ne purent voir mes expériences dans mon cabinet aussi souvent qu'ils l'auraient voulu en demandèrent des cours particuliers, que donna M. Filassier, membre de plusieurs Académies. Il comptait parmi ses souscripteurs des princes du sang et les personnages les plus éminents de l'État.

Tandis que les curieux accouraient en foule chez mon disciple pour voir mes expériences sur le feu, je soumettais à l'examen de l'Académie mes découvertes sur la lumière. Ne pouvant plus garder l’incognito, je comptais moins sur Vimpartialité de mes juges, presque tous partisans outrés de Newton.

Dans la première séance, ils virent plusieurs expériences dont ils parurent extrêmement frappés. En commençant la seconde, ils demandèrent à ne voir que les fondamentales. Leur demande m’étonna, et me fit soupconner un projet d'étouffer à leur naissance des découvertes qu'ils redoutaient. Mais, sans leur témoigner ma suprise, je me contentai de leur répondre qu'il était important de suivre l’ordre des matières, et qu’on ne passerait à aucune expérience, que la précédente n’eût été constatée. L'événement prouva bien que la précaution n'était pas inutile, puisque