La correspondance de Marat
: LA CORRESPONDANCE DE MARAT 31
l'académicien chargé du rapport, ne pouvant plus le renvoyer, à essayé de retirer de mes mains le manuscrit visé par mes commissaires, quoiqu il en eüt copie, ce qui parait par sa lettre sous le n° 29. j |
L'Académie, ayant reconnu qu’il ne serait pas possible d’étouffer mes découvertes, chercha à les faire naître dans son sein. Quelques jours après cette petite transaction, je reçus successivement, dans la même matinée, la visite de trois de ses membres. Ils me demandèrent, chacun en particulier, si j'avais dessein d’entrer dans l'Académie. Je venais d’être témoin des désagréments qu’un d’entre eux éprouvait de la part de ses confrères. Il avait été sur le point d'être expulsé, pour avoir refusé de leur soumettre ses opinions. Si cet honnête homme a couru pareil risque, me disais-je à moi-même, j'en courrais bien d’autres, moi qui ai en horreur les sourdes menées de certains corps scientifiques. Ainsi, je me contentai de leur répondre que je ne m'élais pas encore consulté sur cet article. Ma réponse, mal interprétée, fut prise pour un refus dédaigneux; et dès lors la persécution commença.
Sept mois avaient êté employés à constater mes expériences sur la lumière; trois mois furent employés à en rédiger le rapport; et cinq mois à le solliciter de ma part. Le résultat fut un déni de justice. Je m’y étais attendu ; car il faut avouer que la tâche était aussi délicate qu’épineuse pour MM. de l'Académie. Admettre la vérité de mes expériences, c'était reconnaître qu’ils avaient travaillé pendant 40 ans sur de faux principes, aveu qui regardait particulièrement la classe des géomètres et des astronome: ; aussi forma-t-elle contre moi une terrible cabale. Après avoir nié des faits qu'ils n'avaient point vus, ils ceriaient de concert : Si cet homme a raison, que voulez-vous qu'on fasse des Mémoires de l'Académie? et l'Académie, décidée par ce bel argument, ferma les yeux à l’évidence. Tout ceci paraîtra dans un plus grand jour, par ma correspondance avec cette Société (voyez les pièces à l'appui). J'aurai