La correspondance de Marat

32 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

soin seulement d'accompagner quelques lettres de petites notes, qui en faciliteront l'intelligence.

Vous concevez bien qu'après la publication de mes découvertes sur la lumière, la persécution des académiciens n’en devint que plus forte, mais elle était clandestine. Ils se contentaient de me décrier dans leurs cercles, sans oser me réfuter, quoiqu’on leur en eût donné publiquement le défi (voyez Le Courrier de l'Europe du 15 avril 1782, que je n’ai pu me procurer) ‘. Je dois pourtant à la vérité de ne pas confondre tous ces MM. dans la classe de mes adversaires. Vous verrez par la lettre de M. le comte de Pressan que l’Académie renfermait des hommes qui savaient me rendre justice (n° 31).

Les tracasseries que me suscitait la cabale ne m’empèchaient point de me livrer à de nouvelles recherches. A mes découvertes sur la lumière je fis succéder mes découvertes sur l'électricité, qui eurent la sanction de plusieurs physiciens célèbres.

Crainte que mes ouvrages ne fissent trop de bruit dans le monde, mes adversaires eurent soin d'enchainer la plume de quelques journalistes à leur dévotion. Croiriezvous que l'Académie des Sciences n’a pas rougi de mutiler trois fois consécutives l'annonce de mes recherches électriques. C'est un fait que M. Sauteran, l'un des collaborateurs du Journal de Paris, a certifié à M. l’abbé de Miolan et à d’autres personnes dignes de foi. Et croiriez-vous que les directeurs de ce journal ont refusé, il y a deux ans, d'annoncer la seconde édition de mes découvertes sur la lumière? Comparez ces refus avec la bonne volonté qu'ils témoignèrent alors qu'on leur envoya la première annonce de mes découvertes sur le feu. Elle parait dans un billet,

1. Les articles du Courrier de l'Europe manquent, en effet, aux documents annexés par Marat à cette lettre. Chèvremont les a retrouvés et publiés. Ils ne portent pas la date du 15 avril, mais bien celles du 15 mars et du 3 mai 1182.