La correspondance de Marat

34 LA CORRESPONDANCE DE MARAT

homme de mérite, que M. l’archevèque de Paris a choisi pour l’instituteur de ses neveux, et que deux Universités avaient chargé d'y établir des cours de mes expériences, comme vous le verrez par ses lettres sous les n° 34 et 35.

Après avoir travaillé sur la partie physique de l’électricité, je me disposai à travailler sur sa partie médicale, science qui intéresse si fort la société. Parmi les différents ouvrages qui ont paru en divers pays sur cette matière, celui de M. l’abbé Bertholon avait obtenu le premier rang. Je ne le connaissais encore que par le prix qu'il avait remporté, et par les éloges pompeux du Journal des Savants. J'en voulus juger par moi-même, et je reconnus bientôt que le système de l’auteur était plus séduisant que solide. M. Bertholon avait donné l’électrisation pour un remède universel, qu’il appliquait à toutes les maladies, système dont la fausseté m'était démontrée par les simples lumières naturelles, quand elle ne l’aurait pas été par mes observations et mesrecherches particulières.Depuis quelque temps, l’Académie de Rouen avait proposé pour prix de physique de déterminer jusqu'à quel point et à quelles conditions on peut compter sur l'électricité dans le traitement des maladies. Malgré que l’on touchât presque au terme ouvert pour le concours, lorsque j'eus connaissance du programme, j'étais si pénétré de l'importance de la chose que je présentai à l'Académie un essai faisant partie d'un ouvrage plus considérable. Sentant combien il importait que l’erreur ne prévalût pas, je crus devoir attaquer tous les systèmes reçus, et singulièrement celui de M. l'abbé Bertholon, membre de neuf sociétés savantes. Vous voyez que je comptais sur la force invincible de mes preuves; mais j'étais sous l’anonyme; puis je traitai la question directement, et j'établis les principes de l'électricité médicale. Peu de temps après, j'appris que mon mémoire avait été couronné. À l’article extrait des annonces de cette Compagnie (sous le n° 36), vous verrez qu'elle m'y gronde un peu de ma franchise : c’est sans doute un