"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)
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CHAPITRE XI.
Pour conclure, nous pourrions dire que Pouchkine n’a pas eu tort de traduire les ballades de ce barde imaginaire, et de les publier. Il n’était point un érudit, lui, et n’avait pas à compromettre sa science. Il était poète et, comme il avait trouvé la poésie dans ces ballades, qui le blâmera d’avoir su leur donner ce qui leur manquait pour être de vrais poèmes : la forme du vers? Il était artiste aussi, qui lui reprochera d’avoir su serrer davantage les récits déjà si condensés de Mérimée, d’avoir mis plus de couleur sur des dessins qui pouvaient sembler parfaits 1 ? I 2 CHODZKO MICKIEWICZ ET (( LE MOBLAQUE A VENISE » Pouchkine ne fut pas le seul poète slave qui prit Ztz Guzla pour une collection de chants serbes authentiques. Trois ans avant lui, un jeune Polonais qui devait plus tard enseigner les littératures slaves au Collège de France, mais qui, à l’époque dont nous parlons, n’était que l’auteur de quelques poésies qui avaient fait concevoir les plus hautes espérances, Alexandre Chodzko, s’enthousiasma pour la beauté sauvage des ballades de Mérimée et en traduisit trois en vers polonais, dans un volume de ses poésies édité à Saint-Pétersbourg en ■lB29 2 .
1 Un traducteur allemand des poèmes de Pouchkine, Dr. Robert Lippert, a retraduit, en vers, sous le titre de Serbisches Lied, le Cheval de Thomas II de Mérimée. Voir : Alexander Puschkin's Dichtungen, Leipzig, 1840, 1.1, pp. 311-312. 2 Louis Leger, Russes et Slaves, études politiques et littéraires, troisième série, Paris, 1899, p. 237. Nous ne sommes pas parvenu à trouver nulle part ce recueil et nous ne saurions dire quelles ballades M. Chodzko a traduites.