La Macédoine

gare, et que c'est à lui qu'il faut attribuer la renaissance de la nationalité bulgare entièrement disparue (r)-

Venelin, cet écrivain fantaisiste, et romanesque, laisait à l'imagination encore fruste des Jeunes Bulgares. 11 fut salué avec amour et enthousiasme, comme un Messie qui vient relever une nation perdue. Toutes ses observations, toutes ses prières, toutes ses suggestions furent acceptées comme des ordres venant du ciel. Il pressa les riches Bulgares de Russie et de Roumanie de souscrire à des donations en vue d'aider la cause bulgare, d'ouvrir des écoles bulgares, de faire imprimer des livres de classe.

Deux marchands bulgares d'Odessa, V. E. Aprilow et N. Palauzov, qui avaient été complètement hellénisés dans leur jeunesse (Vasil Aprilov était trésorier du comité des insurgés grecs, en 1821) devinrent Bulgares en lisant Venelin et furent les premiers apôtres du réveil bulgare. Aprilov commença à écrire en bulgare des livres dans lesquels il parle de son pays avec un enthousiasme fanatique. Palauzov mena sa propagande au moyen de la parole et recueillit des subsides: Tous les deux donnèrent de l’argent pour ouvrir, en 1889, l'école de Gabroyo, la première des écoles bulgares. Cette activité finit par gagner aussi d’autres Bulgares. La somme des donations fournies non seulement par les Bulgares, mais aussi par les Russes et les Roumains, prit constamment des proportions de plus en plus grandes. Des écoles furent ouvertes, ides livres furent publiés, des jeunes cens envoyés pour faire leurs études dans les écoles et universités européennes. Ainsi furent inaugurées la première apparition des Bulgares comme nation et la fondation de l’idée de leur délivrance des Tures.

Ce mouvement s’effectua tout entier dans les limites du peuple bulgare ; quant à la Macédoine, les Bulgares l'ignoraient complètement. Le mouvement fut très jopulaire, spécialement en Russie, qui se considérait

(1) Pipin et Spasovic, p. 112:

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