La Macédoine

comrue la protectrice des Slaves conquis, ét en Serbk, qui regardait la Bulgarie comme une nation Sœur dans la misère. Mais les Bulgares ne furent pas satisfaits de cela. Dans les livres de Venelin, ils trouvèrent un stimulant vers un état de choses qu'ils n’osaient même pas espérer. Ayant de visiter la péninsule des Balkans, Venelin écrivait qu'on pouvait trouver des Bulgares, non seulement en Bulgarie, mais aussi en Roumélie, en Macédoine, en Albanie, en Thessalie, dans le sud de la Morée, et même en Asie-Mineure (r); que les Russes avaient reçu le christianisme des Bulgares; que c'étaient les Bulgares qui leur avaient apporté J’usage de l'alphabet ; que, jusqu’à l’époque de Lomonosoy, le service divin en Russie avait été célébré en bulgare, qui avait été également la langue littéraire, et que, dans les temps anciens, aucune des autres nations slaves m'avait été si riche en manuscrits, et ainsi de suite (2). Les Bulgares ne tardèrent pas à accepter les assertions mème les plus absurdes de Venelin et à les exagérer audelà du bon sens et de loute proportion. Car landis que Venelin était un honnête homme ayant l'âme d’un poète, un idéaliste dont l'engouement pour les Bulgares le portait vers des exagéralions absurdes — comme ïl l’a admis souvent lui-même, — les Bulgares s’entêtèrent dans leur convoitise au-dessous de toute critique et s’avancèrent témérairement bien au-delà des limites que Venelin, dans son engouement, ayait assignées à la nation bulgare. Un des premiers disciples de Venelin, l’homme qui posa les fondations de l’idée bulgare d'expansion et du rôle de la nation bulgare dans le monde, fut le Bulgare Gjorgje S. Rakovski (1818-1868). _ C’est dans les idées fantastiques de Venelin que Rakovski puisa son inspiration pour développer une propagande pratique en faveur de l'idée des prétentions pré-

(1) Drevinge i Ninjesnige Bolgare » (Vieux et Nouveaux Bulgares), Moscou, 1829, vol. I (en russe).

(2) Zaradi Vozrazdenije » — Au sujet de la Renaissance bulgare, pp. 5, 17 (en bulgare). |

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