La Macédoine

Ja Russie comme la protectrice de l’orthodoxie slave, les Macédoniens prêtèrent l'oreille à ces conseils et contribuèrent à faire ayancer la cause bulgare, du succès de laquelle devait dépendre celui de leur propre cause. Le mouvement uniaie alla en s’affaiblissant, tandis que s'accroissait l'appui donné au mouvement bulgare. C'est ainsi que prit naissance le rapprochement entre les Serbes macédoniens et les Bulgares.

Au début de l'agitation contre les Grecs et des conversions à la doctrine uniate en Macédoine, personne ne pensait aux Bulgares. Il s'agissait alors uniquement de libérer l'Eglise du patriarcat grec et de rétablir l'usage de la langue nationale dans les offices religieux. Lors de l'inauguration de l'Eglise uniate à Kukus en 1857, on y plaça l'inscription suivante : « Le 1® mars 1857, notre langue maternelle nous fut rendue. (1) ». Mieux que toute autre chose, cette inscription révèle les motifs qui guidaient les Serbes de Macédoine lorsqu'ils adoptèrent la doctrine uniate. Lorsque les Russes entrèrent en lice contre le mouvement uniate, il ne resta aux Serbes qu'une seule voie ouverte pour arriver à s'émanciper des Grecs : c'était de se joindre au mouvement bulgare. Cette démarche n'impliquait pas-une bulgarisation, mais seulement une lutte conjointe contre les Grecs pour l'usage de la langue slave dans l'Eglise.

Le fait que la lutte soutenue de très bonne heure contre les Grecs n'avait aucun caractère bulgare et ne prouvait nullement que les Macédoniens désirasseni devenir Bulgares, ressort nettement de l'adhésion des

Roumains de Macédoine à la cause bulgare. Les Roumains de Macédoine subissaient, de la part des prêtres grecs, les mêmes torts que les chrétiens slaves. Il en résulta que les Roumains commencèrent également à se soulever. De même que les Serbes, ils se joignirent aux Bulgares et engagèrent une lutte pour un clergé national et l'usage de la langue nationale dans l'Eglise. Pen-

(1) Iv. lvanie, « Iz crkyene istorije Srba u Turskoj » (Histoire rehgieuse des Serbes en Turquie aux xvur et xix° siècles), p. #1.

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