La Macédoine

el peu désireux de s’appeler Bulgares, s’appelèrent Grecs, bien que parlant seulement le serbe.

Un exemple montrera combien fort était le sentiment serbe en Macédoine malgré les cruelles épreuves qu’elle dut traverser. Déjà, dès les premiers jours de la lutte ouverte contre les Grecs, le prêtre serbe Joyan Burkovic, à Skoplje, se fit spécialement remarquer dans cette opposition contre eux. Pour ce fait, le métropolite orec l’excommunia et ordonna que ses livres fussent jetés hors de l’église. Malgré ce mauvais traitement, ni lui ni ses fidèles ne se joignirent au mouvement bulgare. L'intimidationet le chantage bulgares, non plus que la persécution grecque, ne purent le détacher du patriarcat. Il le haïssait, mais il ne pouvait renier ses sentiments serbes ni s'appeler Bulgare. Jusqu'au jour de sa mort, lui et ses paroissiens donnèrent leur adhésion au patriarcat haï et demeurèrent Serbes. Dans ses dernières années, et alors que sa santé faiblissait déjà, Jovan Burkovic pria Dieu de lui accorder une unique demande celle de vivre jusqu'au jjour où il pourrait présider l'office à l'ouverture du Lycée serbe, qui, à cette époque, fut fondé à Skoplje. Son dernier souhait fut exaucé (1). |

La Macédoine est remplie de Serbes qui ont survécu à toutes les crises et à toutes les épreuves et qui sont demeurés Serbes. Et il y en a encore davantage qui sont prêts à crier bien haut dès qu’ils seront délivrés du danger bulgare : « Nous avons été et nous voulons être Serbes. »

() St Noyakovic, les Questions des Balkans, pp. 89-90.

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