La Macédoine

icônes, et par la foule. Arrivés aux portes où aux limites de la ville, ils prenaient congé de ceux qui les accompagnaient et poursuivaient leur route. Leur réception au monastère avait aussi lieu d'une façon solennelle. Les moines en habits sacerdotaux, avec des croix et des icônes, sortaient pour aller au-devant d'eux. À l'endroit de Ja rencontre, on disait une courte prière, puis, en chan-

tant des hymnes, la procession allait au monastère. Le

lendemain, on célébrait un service solennel, après quoi les pèlerins baisaient les reliques des rois et des saints serbes et présentaient leurs dons. Le départ du monasière et la réception des pèlerins à leur retour chez eux étaient marquées par des cérémonies ésalement solennelles. Lies Bulgares ont aussi leurs saints lieux et leurs reliques, mais les Macédoniens ne les connaissent point.

De tous les monastères, celui qui est le plus fréquemment visité par les Macédoniens est le monastère de Decani, où se trouve le tombeau du roi serbe Etienne Decanski (1321-1331). Etienne Decanski est ce roi de Serbie qui battit les Bulgares à Velbuzd, en 1330, et décida ainsi du sort de la Macédoine en faveur de la Serbie jusqu'à la fin du moyen âge. Etienne Decanski est Je saint le plus populaire en Macédoine, où on ne l’appelle jamais autrement que le « Saint Roi ». Ayant que la propagande bulgare eût fait son apparition en Macédoine, tout Macédonien possédant quelque aisance considérait comme son devoir ieligieux et patriotique

d'aller, au moins une fois dans sa vie offrir des marques :

de sa vénération au tombeau du Saint Roi et porter des présents à son monastère. Et dans chaque maison en Macédoine, on pouvait voir l'icône du Saint Roï à côté de celle du saint patron de la maison.

Cette coutume d'aller en pèlerinage aux monastères serbes dénote les sentiments purement serbes des Macédoniens. Le respect spécialement voué à Etienne Decanski qui, en 1330, défendit la Macédoine contre une invasion bulgare, montre à quel point ces sentiments étaient fortement ancrés chez eux.

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