La Macédoine

tant pour.la plupart en dehors des villes, n'avaient, en cette circonstance, éprouvé qu'un changement de maitres. Les tribus macédoniennes continuèrent, comme auparavant sous la domination grecque, à vivre sous les ordres de leurs chefs indigènes en payant le tribut aux Bulgares au lieu de le payer aux Grecs. Les documents historiques byzantins, absolument dignes de foi, attestent en propres termes l'existence de tels rapports entre les Macédoniens et les Bulgares à cette époque (r). Les Bulgares conquérants et les Macédoniens soumis, ne se mélangeaient point entre eux ; les Bulgares n'étaient, en Macédoine, qu'une couche sociale extérieure qui ne pénétrait pas dans les masses du peuple. Leur domination dans ce pays est comparable en tous points à la domination turque qui s'exerça pendant plus de cinq cents ans sans produire aucun changement ethnique dans la masse du peuple. Les Bulgares n'exercèrent aucune influence, au point de vue ethnique, sur le peuple macédonien qui resta ce qu'il était auparavant.

La première période de domination bulgare survient à une époque où les Bulgares étaient encore barbares. Au point de vue de la culture, la population macédonienne leur était bien supérieure. C'est la raison pour laquelle il était impossible que leur présence laissät des races d’une culture bulgare en Macédoine.

C'est aux Slaves de Macédoine que revient l'honneur de l'apparition. dans la première moitié du 1x° siècle, des premiers livres chrétiens slaves écrits dans leur dialecte. Cependant, ce fait important a donné lieu à une erreur, à savoir que l'écriture slave aurait fait sa première apparition en langue bulgare, et que le mérite de cette œuvre en reviendrait aux Bulgares. L'état même où se trouvait la civilisation bulgare à cette époque oppose le démenti le plus catégorique à une telle conjecture. Les faits positifs que nous allons exposer écartent définitivement, sur ce point, toute théorie à l'avantage des Bulgares.

(4) Jean Cameniata, éd. Bonn. 496, 6.