La Macédoine

En 86», les princes de Moravie, Rastislav et Svetopluk, envoyèrent à l'empereur byzantin, Michael IL, une députation chargée de demander des missionnaires versés dans la langue slave et dans la religion chrétienne, lesquels missionnaires devaient introduire en Moravie le christianisme enseigné en langue slave. Ce rôle échut à Cyrille et à Méthode, qui composèrent à cet effet un alphabet slave, traduisirent les livres liturgiques les plus nécessaires et entreprirent de remplir la tâche qui leur était confiée. L'arrivée de la délégation des princes de Moravie eut lieu en 86», et la conquête bulgare de la Macédoine commença seulement en 86r ; cependant, Gyrille et Méthode étaient déjà à Constantinople avant cette époque. La langue slave connue des deux frères était celle de la Macédoine, et la traduction des livres lifurgiques qu'ils ont faite était en dehors de toute influence bulgare. Dans fous les documents de cette époque et de l'époque postérieure, cette langue est appelée slave, et nulle part, elle n’est appelée bulgare (x). La grande œuvre de la première formation de la littérature slave n’a donc rien de commun avec les Bulgares.

De même, aucune corrélation n'existe entre les Bulgares et l'œuvre systématique de propagation du christianisme parmi les Slaves balkaniques, accomplie par les frères Cyrille et Méthode.

L'époque où les Bulgares prenaient pied en Macédoine, coïncide avec le début des persécutions ‘exercées contre les disciples de Gyrille et de Méthode en Moravie, et quelques-uns parmi ces disciples vinrent chercher un refuge en Bulgarie. L'empereur bulgare Boris (852-888) leur réserva un accueil bienveillant : cependant, il ne les retint pas en Bulgarie et les envoya en Macédoine.

(1) L'érudit professeur à l'Université de Belgrade, M. V. Djerie, après avoir examiné tous les documents historiques du 1x° au xu° siècle où l’on fait mention de la langue des Slayes balkaniques à cette époque, constate que la langue des plus anciens livres slaves n'est appelée nulle part autrement que slave. Aucune allusion ny est faite à la langue bulgare. (NV. Djerie : Du nom serbe en Vieille Serbie et en Macédoine. Belgrade, 1904, p. 32-38):