La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE He l00 es

Le court résumé exposéici montrera que la littérature tient la première place chez les intellectuels serbes ; cest absolument compréhensible. Durant les heures troubles, il est plus facile d'écrire que de peindre ou de modeler. Le malheureux proscrit chante en se cachant au milieu des arbres de la forêt ; ses compagnons d'infortune l'écoutent et apprennent ses poèmes quils récitent à leur tour.Nous nenous imaginons pas un peintre ou un sculpteur donnant, au sein de la verte Choumadia, une forme aux misères des Haïdouks. Souvent aussi, dans les demeures ruinées par les Turcs, les moyens manquaient aux parents pour développer la vocation

de l'enfant génial et l'envoyer à l'étranger, loin des at-,

teintes de la guerre.

La nation yougoslave possède le génie artistique au plus haut degré. Les jeunes peintres, sculpteurs, littérateurs serbes nous présentent des œuvres dans lesquelles on peut admirer, poussé très loin, le sentiment de la vie,

de la couleur, du mouvement. L'idée artistique esttrès

forte chez eux. Leurs productions sont beaucoup plus violentes que celles de nos artistes latins. Un rappel'au byzantin seretrouve quelquefois dansleurs personnages. Un peu de dureté pourrait parfois leur être reproché. Est-ce un défaut ? Cette recherche de l'énergie est l’expression d’un peuple jeune, apte à la lutte ; elle nous étonne un peu et tranche vivement avec la délicatesse, un peu mièvre, de nos conceptions latines.