La patrie Serbe

(LA PATRIE SERBE ‘0 Age Les bataillons décimés paraissaient renversés par le soufile d'un invisible géant. A peine si, dans l’étranglemeut de la route obstruée par l'infanterie, les Serbes purent faire manœuvrer une batterie de montagne et la mettre en position.

Agrippés aux rochers, cramponnés aux buissons, les fantassins grimpaient, insoucieux des rafales de plomb. Beaucoup d’entre eux roulaient vers le ravin, quelquesuns achevaient de mourir pris dans les broussailles ; les autres continuaïent leur cruelle ascension. Ils atteignirent enfin les Turcs. Les bonnes baïonuettes serbes lirent alors une besogne remarquable ; acérées, impitoyables, elles nettoyèrent rapidement les tranchées ennemies. Les Turcs lâchèrent pied. L’effort exigé par. cette escalade avait été énorme, les pertes serbes étaient fortes. Gette journée du 1” novembre ne termina pas la bataille,et l'aube, en s’infiltrant dans l’étroitesse des gorges, donna le signal d’un nouveau combat. Par de vives contre-attaques, les Turcs cherchèrent à regagner le terrain perdu. Les roulements des canons se répercutaient de montagne en montagne, indéfiniment prolongés par la sonortté du roc; les milliers de coups de fusil éveillaient des échos qui les continuaient avec des alternatives de crescendo et de diminuendo.

Sur la raideur des pentes, les Turcs frénétiques se jetèrent à leur tour. Leurs vociférations achevaient de les rendre) pareils à des démons se bousculant pour prendre d'assaut le ciel: Calés sur leurs aires, les Serbes résistaient. La division de la Drina, dont l'avance poussait les régiments de la Mora va, fut scindée en deux afin de tourner la gauche de l'adversaire.

Au lieu de reprendre leur position de la veille les Turcs en perdirent une nouvelle, Découragés et pour éviter d’être coupés ils se retirèrent au sud de Prilep.