La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE | 155%

ture, la neige. Chacun eut d'abord quatre pains, puis un peu de maïs, puis plus rien. Quel régal lorsqu'on découvrait des feuilles... On grattait la neïge, l’humus, pour arracher l'herbe courte, les racines fibreuses. Qu'importe! Les drapeaux menaient vers la victoire, vers la mer bleue.

Les pentes etaient droites, on hissait les canons par la force des bras. Lestorrents étaicnt glacés, on y pénétrait. Des ponts vertigineux et vermoulus enjambaient les abîmes; surchargés. les ponts craquaient mais les soldats étaient passés. Les mains crispées de froid collaient au fer des armes ; à travers les chaussures crevées les pieds gelaient ; l'äpre bise et les/flocons de neige traversaient les vêtements déchirés ettransperçaient les moelles.Les pieds Saignaient aux aspérités de la route douloureuse; ils faisaient des faux-pas tellement la fatigue était grande. Beaucoup de soldats épuisés roulaient à l'abime. Tant qu'ils le pouvaient ils marchaient; ensuite ils mouraient.

Alessio, l'antique Lissus, se dessina dans une atmosphère sans tache. Diadèmée par sa vieille citadelle, elle touchait le Drin. En arrière, très loin, une clarté, un étincellement, une étendue immense de métal en fusion, qui frissonnait, respirail, palpilait. La mer | Une joie exultante ranima les mourants, la vie revenait à larges flots. Les voix des Serbes montaient plus haut que les cimes qui redisaient leur chant de victoire.

Massée derrière le Drin, la cavalerie attendait l’instant voulu. L'artillerie commençait son œuvre. Les premiers coups de canon effrayèrent les soldats turcs, la ville s’abandonna,.

En unlong serpent, la colonne s'égrenait. Les chevaux hennissaient au vent frais alourdi d’embruns qui secouait leurs crinières.